
Mardi 3 octobre 2017
Cap sur Lanaudière à la découverte des noix nordiques du Québec
Par Danielle A.
En ce début d’octobre et de la belle saison d’automne, la douceur du soleil est au rendez-vous. 16 participant.e.s guidé.e.s par Adrienne sont joyeusement réparti.e.s en quatre voitures. 4 x 4 : le compte est bon. Une heure et quart plus tard, nous nous retrouvons à Saint-Ambroise de Kildare (municipalité régionale de comté de Joliette) au nom évocateur. En effet, Kildare (Cill Dara) est un terme d’origine gaélique-irlandaise qui signifie ‘Église de chêne’ ou ‘près du chêne’ et fait référence aux habitants de souche irlandaise qui y sont implantés. Un écriteau en bois, nous indique que nous sommes arrivés à destination. Nous sommes bien ‘Au jardin des noix’. Rapidement, nous faisons connaissance avec l’un des propriétaires nuciculteurs Yvan Perrault, un expert en mycologie québécoise, formateur, passionné de botanique, de bonnes choses et surtout de noix nordiques qu’il cultive depuis une dizaine d’années avec son frère Alain. À date, environ 3000 arbres à noix ont été cultivés dans leur verger à la terre argileuse et parfaite pour la culture de ce type d’arbres sur une surface de 14000 hectares.
La passion d’Yvan, sa profonde et vaste connaissance nous rendent curieux d’en apprendre un peu plus. Avec lui, les explications vont bon train. Nous commençons progressivement à maîtriser le lexique du monde des noix : brou (la chaire végétale qui enveloppe la coque de la noix, très tannique et qui était utilisée pour les teintures), ébrouer (enlever le brou), cerneau, plantule, gland, cultivars, stratification, dormance, porte-greffe, hybride et j’en passe. Nous découvrons en nous déplaçant de parcelles en parcelles les différentes espèces de noyers cultivées sur le terrain: le pacanier du nord, le caryer cordiforme (ou caryer amer) dont la noix très amère est ‘immangeable’ en gourmandise, cependant elle est intéressante pour en extraire un alcool liquoreux des plus délicieux en bouche. Le caryer ovale, le noyer noir, le noyer cendré, le noyer en cœur, le noisetier, n’ont presque plus de secrets pour nous.
Nous en apprenons aussi sur d’autres plantes et arbustes indigènes qui poussent sur le domaine : le rosier du Japon qui s’appelle ainsi à tort parce qu’en réalité, il s’agit d’un trésor d’ici ‘le rosier sauvage du Québec’, longtemps exporté au Japon en guise de cadeau, celui-ci s’étant bien adapté au climat du pays du soleil levant est ainsi devenu ‘le rosier du Japon’. Nous enchaînons ensuite pour découvrir la quenouille et ses parties comestibles : les jeunes pousses, le cœur, les parties aériennes de la plante.
Pour clôturer notre tournée, Yvan nous met l’eau à la bouche et nous promet de nous régaler avec un potage fait maison. Il nous invite à cueillir des feuilles de moutarde sauvage et de chénopode (chou gras) qui poussent en abondance sur son terrain fertile. Ce sont les ingrédients principaux de son potage auquel il rajoutera un bouillon, des oignons, quelques pommes de terre et beaucoup de générosité.
A la cuisine des volontaires s’affairent avec Yvan. Nous autres cassons la croûte sous une magnifique érable argentée. Au menu, chacun la spécialité qu’il/elle aura apportée : salade de riz, lentilles, carottes, betteraves, pâtes, basilic, confitures de prunes, raisin, cerises de terre, du chocolat, du bon pain et autres croustilles.
Nous trinquerons à la santé de chacun et du domaine avec une sumacade. Encore une découverte culinaire surprenante mais Ô combien autochtone. Il s’agit en effet, d’un breuvage tonique au goût légèrement suret préparé avec les fruits du sumac vinaigrier, plante indigène du Québec.
Le summum de notre régal, sera un café à la noisette préparé par Yvan, talentueux maître-torréfacteur. Un goût subtil et délicat de caramel rempli nos palais. Nous le dégustons en croquant des noix que chacun s’essaye à casser dans les règles de l’art avec un casse-noix sur socle à levier.
De retour à Montréal, nous gardons dans nos cœurs et esprits une journée remplie de découvertes et surtout une meilleure connaissance de la richesse des plantes indigènes du Québec et de l’importance de préserver cet héritage grâce à des passionnés comme Yvan et Alain Perreault.
Pour en savoir plus : http://aujardindesnoix.com/accueil
[i] En fait nous ne sommes pas certains à 100% si c’était un chêne!
Merci pour la journée et la chronique, les deux belles.